Politique

Moïse Jean-Charles le double visage d’un révolutionnaire déchu: entre double jeu politique et rejet populaire

Port-au-Prince, mai 2025 — Depuis des années, Moïse Jean-Charles se présente comme la voix du peuple, le résistant face à l’oligarchie, l’homme du nationalisme radical. Pourtant, derrière cette façade contestataire se cache un jeu de pouvoir complexe, fait d’alliances stratégiques, de manipulations politiques et, selon des sources concordantes, de compromissions inquiétantes.

La récente humiliation publique qu’il a subie à Saint-Raphaël – où il a été violemment rejeté par une foule en colère, contraint de fuir sous les insultes et les tirs – a révélé l’ampleur du divorce entre le personnage et les masses qu’il prétendait défendre. Mais cette scène spectaculaire n’est que la partie visible d’une stratégie plus vaste et plus trouble.

Un réseau d’influence bien positionné

Moïse Jean-Charles a su, ces dernières années, infiltrer les sphères du pouvoir en plaçant plusieurs de ses proches à des postes stratégiques :

Emmanuel Vertilaire, son allié de longue date, siège au Conseil Présidentiel de Transition (CPT).

Venet Joseph, figure discrète mais loyale, est aujourd’hui ministre de l’Agriculture.

Jacceus Joseph, influent au Conseil Électoral Provisoire (CEP), gère les coulisses de processus électoraux cruciaux.

Le Directeur Général de la DINEPA, également proche du clan Jean-Charles.

Et, dans un partage d’influence controversé, la direction de l’ONA (Office National d’Assurance Vieillesse) est divisée entre lui, Bettie, et Olivier Barreau, dans une alliance informelle de contrôle administratif.

À travers ces postes, c’est toute une architecture de pouvoir parallèle que Moïse Jean-Charles a tissée, lui permettant de manipuler, ralentir, ou accélérer des décisions clés à son avantage.

Des accusations graves : organes humains, contrebande et trafic de postes

Selon plusieurs sources, notamment dans le nord du pays, le nom de Moïse Jean-Charles apparaît dans des réseaux de contrebande et d’activités illicites préoccupantes :

Commerce d’organes humains : Des allégations font état de liens entre des groupes associés à Moïse Jean-Charles et des circuits illégaux de prélèvement et de vente d’organes. Bien que les preuves publiques restent limitées, des rapports confidentiels évoquent son association avec des marchands d’anguilles, souvent pointés du doigt pour des pratiques douteuses.

Pillage aux Douanes : Des témoignages d’agents rapportent son implication présumée dans des opérations de pillage systématique des Douanes du Cap-Haïtien et de Ouanaminthe, où marchandises, véhicules, et matériaux stratégiques seraient détournés au profit de réseaux privés.

Vente de postes politiques : À travers son représentant au sein du CPT, il serait également impliqué dans un commerce clandestin de postes gouvernementaux, transformant les nominations en marchés de troc où les fonctions publiques s’échangent contre des sommes exorbitantes.

Ces accusations, si elles étaient judiciairement confirmées, pourraient représenter l’un des plus grands scandales politico-mafieux de la décennie en Haïti.

Saint-Raphaël : la chute d’un mythe

C’est dans ce contexte que Moïse Jean-Charles a tenté, aujourd’hui, de mettre en scène une démonstration de force à Saint-Raphaël, mobilisant des fonds publics et des réseaux de communication pour orchestrer un rassemblement.

Mais cette fois, la population n’a pas mordu à l’hameçon. Le discours révolutionnaire, répété jusqu’à l’usure, ne masque plus les contradictions d’un homme devenu complice de ce qu’il dénonçait hier.

Insultes, jets de pierres, tirs sporadiques : la foule n’a pas seulement boudé son discours, elle l’a rejeté avec colère. Paniqué, Moïse a fui le lieu à bord d’un véhicule blindé, sous protection armée. Les images de cette fuite ont fait le tour des réseaux sociaux – symbole cinglant d’une légitimité évaporée.

Une stratégie politique démasquée

La méthode Moïse Jean-Charles repose depuis longtemps sur une tactique éprouvée : parler au peuple en se positionnant comme outsider, tout en manœuvrant en coulisses comme un initié du système.

Mais les temps ont changé. Le peuple haïtien, endurci par la violence, l’impunité et l’injustice, ne se contente plus de slogans. Il exige des preuves, de la cohérence, et une rupture réelle avec les logiques clientélistes.

Ceux qui continuent à manipuler l’opinion à coups de drapeaux, de discours radicaux et de cortèges subventionnés sont de plus en plus rapidement démasqués.

Un avenir incertain

Moïse Jean-Charles se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Discrédité sur le terrain, soupçonné d’abus de pouvoir, et désormais marginalisé politiquement, il semble incarner la caricature même de l’opposant devenu complice du système.

Saint-Raphaël n’est peut-être que le premier domino d’une série de rejets populaires. Dans les quartiers populaires, chez les jeunes militants, même parmi ses anciens partisans, la rupture est palpable.

Le peuple haïtien n’achète plus les illusions. Et surtout, il n’échange plus sa dignité contre des promesses vides.

Nouvel Zile
Enquête spéciale – mai 2025

Desk Report

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