Politique

Fritz Jean : Le verbe haut, les mains pleines–Le dénoncé demande explications : fausse alerte ou manipulation de l’opinion ?

Il y a ceux qui dénoncent, et ceux qui construisent. Depuis plusieurs semaines, le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, occupe bruyamment l’espace médiatique : lettres ouvertes, demandes de clarification, interventions critiques à l’égard de ses pairs et du gouvernement, notamment contre les Conseillers-Présidents Smith Augustin, Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et maintenant contre le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Mais à y regarder de plus près, le verbe haut de Fritz Jean semble dissimuler une stratégie de concentration du pouvoir et de captation des ressources stratégiques de l’État.

Une enquête croisée, nourrie d’éléments publics, de fuites administratives, de sources proches du pouvoir et de révélations, dévoile une réalité bien différente de la posture morale affichée par le président du CPT.

Une lettre avant la lettre : fuite volontaire ou piège politique ?

Le 9 juillet 2025, une lettre signée par Fritz Jean circule dans la presse avant même d’être réceptionnée par la Primature. Cette correspondance exige du chef du Gouvernement des explications sur plusieurs contrats, dont celui relatif à Caribbean Port Services (CPS).

Or, selon les documents consultés et les sources officielles, ce contrat a été signé le 4 décembre 2023, sous le gouvernement de Ariel Henry, bien avant l’installation du Premier ministre actuel. Pourquoi donc attribuer cette responsabilité au nouveau gouvernement ?

“C’est une manipulation politique. L’objectif est clair : fragiliser le Premier ministre pour justifier sa destitution et imposer un remplaçant, probablement Daniel Dorsainvil, proche du président du CPT,” confie une source proche du pouvoir.

La méthode intrigue : la lettre est rendue publique avant même sa réception par le destinataire officiel, violant les usages élémentaires de la communication institutionnelle. Une action perçue comme une tentative de prise à partie de l’opinion publique, bien plus qu’un appel loyal à la transparence.

Deux poids, deux mesures : le président du CPT au cœur de plusieurs dossiers sensibles

En parallèle de ses dénonciations, Fritz Jean agit directement dans plusieurs secteurs clés. D’abord, il a lui-même signé un contrat relatif à la sécurité nationale, un domaine critique, sans consultation ni publication.

Ensuite, sur le dossier du système de production de passeports, le président du CPT ferait pression pour maintenir le prestataire actuel, malgré les failles sécuritaires majeures et l’obsolescence du système, selon une source au Palais national. Pire, ce blocage empêcherait toute modernisation, alors même que ce système serait en cause dans les récentes restrictions d’entrée imposées aux Haïtiens par les États-Unis.

“Il s’agirait d’un conflit d’intérêt manifeste. Le président du CPT est personnellement proche du responsable de la compagnie en charge du système actuel. Ce n’est plus une question de sécurité nationale, mais d’influence économique,” affirme une source sous couvert d’anonymat.

Une gouvernance bloquée, une transition affaiblie

Depuis sa prise de fonction, Fritz Jean a initié peu de résolutions majeures au sein du CPT, mis à part des affrontements internes, le blocage de plusieurs initiatives gouvernementales et la multiplication de correspondances publiques. On souligne que plusieurs mois se sont écoulés sans cap, 3 conseils des ministres, sans programme clair, et sans grande décision structurelle prise par le CPT.

Les accusations de lenteur, d’autoritarisme interne et de paralysie institutionnelle s’accumulent. Des membres du Conseil présidentiel eux-mêmes, en privé, évoquent une gestion unilatérale et verrouillée du pouvoir par Fritz Jean, qui semble plus préoccupé par le contrôle des ressources et des nominations que par la reconstruction du pays.

Une stratégie de remplacement calculée

Dans les milieux politiques, la manœuvre est de moins en moins voilée. En multipliant les critiques et les correspondances incendiaires à l’encontre du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, Fritz Jean chercherait à créer un climat de doute pour justifier son remplacement.

Son poulain ? Daniel Dorsainvil, ancien ministre et technocrate, conseiller au cabinet privé de Fritz Jean alimente les spéculations sur une volonté de prise totale de contrôle du pouvoir exécutif parfois comme premier ministre parfois comme ministre de l’économie et des finances.

Cependant, le Premier ministre actuel, entrepreneur engagé, l’homme qui peut parler à tout le monde, renforcé par sa volonté d’agir concrètement sur la sécurité, l’investissement, et l’ordre administratif. Il a évité l’affrontement médiatique, préférant répondre par l’action.

Vers une crise institutionnelle larvée ?

Cette stratégie de harcèlement institutionnel — dénoncer publiquement, contrôler silencieusement — pourrait à terme dégrader davantage la confiance du peuple envers ses institutions.

Les tentatives d’isolement du Premier ministre ne font que renforcer le sentiment que le CPT est devenu un organe d’influence et non de coordination.

Les pressions autour des contrats stratégiques, notamment portuaires, douaniers, sécuritaires ou technologiques, dessinent un tableau inquiétant d’un État à la merci de réseaux privés déguisés en transition républicaine.

Le peuple observe, et attend des résultats

Dans les rues, la priorité reste la sécurité, l’emploi, la fin de l’impunité et la relance des services de base. Le peuple haïtien n’a que faire des querelles d’influence. Il veut des actes.

Si les institutions de transition deviennent un terrain de règlement de comptes et de lutte pour le contrôle des marchés publics, la légitimité même de cette transition sera compromise.

“Haïti mérite mieux qu’une guerre d’ego au sommet de l’État. Le temps est venu de choisir entre la transparence réelle et la manipulation institutionnelle,” estime une voix de la société civile.

Une vigilance accrue est nécessaire

Alors que les regards internationaux et nationaux scrutent les évolutions politiques du pays, la stratégie de Fritz Jean mérite désormais d’être interrogée. Veut-il vraiment organiser une sortie de crise ou instrumentalise-t-il la transition pour renforcer son pouvoir personnel et celui de ses alliés économiques ?

Desk Report

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