Depuis quatre ans, Laurent Saint-Cyr, actuellement président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), est aux affaires. Il a passé près de trois années aux côtés d’Ariel Henry, au sein du Haut Conseil de la Transition (HCT), avec Mirlande Manigat, profitant des privilèges de l’État sans produire le moindre résultat tangible. Un véritable sinécure dont il ne s’est jamais plaint. Faute de ressources humaines compétentes, le secteur privé, dans le cadre de la transition post-Ariel Henry, a désigné le même individu, inconnu de la majorité des secteurs de la vie nationale — un homme sans parcours marquant ni vision d’État — pour siéger au sein du CPT. Tout ce que l’on sait de lui, c’est qu’il partage ses loyautés entre Olivier Barreau, son employeur, et Édouard Baussan, son bienfaiteur.
Au sein du CPT, Laurent Saint-Cyr n’a guère changé. Avant même de devenir président du Conseil, il s’était déjà distingué par son effacement et son absence d’initiative, passant la majeure partie de son temps à l’étranger, occupé à des études universitaires inachevées, pendant qu’il était grassement rémunéré pour s’occuper des affaires du pays. Parvenu à la tête du CPT, chargé de conduire la fin d’une transition déjà en perte de repères, il n’a pas modifié son comportement. Plutôt que de s’attaquer à l’insécurité et à la misère croissante, il a préféré s’envoler pour les États-Unis, puis le Japon, laissant derrière lui un pays en ruine.
À Tokyo, accompagné de son épouse et de quelques collaborateurs aussi incompétents que lui, Laurent Saint-Cyr a passé la majorité de son séjour « aux frais de la princesse ». Officiellement, il y participait à une foire internationale et devait rencontrer l’empereur Naruhito. Pourtant, en Haïti, deux événements majeurs se déroulaient : la réouverture de l’année judiciaire à la Cour de cassation et la tenue du premier Conseil des ministres au Palais national — deux symboles forts de retour à l’ordre républicain, organisés au Champ-de-Mars, jadis contrôlé par les gangs. En choisissant de s’absenter, Laurent Saint-Cyr a volontairement méprisé ces initiatives, brillamment menées par le représentant de Fanmi Lavalas au CPT, Leslie Voltaire, le seul coordonnateur ayant présenté un bilan tangible depuis l’installation du Conseil.
Confier la dernière phase de la transition à Laurent Saint-Cyr constitue une erreur monumentale que le pays risque de payer longtemps. Ce représentant de l’aile mafieux, directement impliqué dans la déchéance de la nation, ne s’intéresse qu’aux finances publiques. Il a d’ailleurs réussi à mettre la main sur les maigres ressources de l’État en nommant lui-même les directeurs de la Douane et de l’Autorité Portuaire Nationale (APN). Son objectif est clair : contrôler toutes les filières financières du pays pour amasser suffisamment d’argent et assurer la transmission du pouvoir à son mentor, Olivier Barreau, dans une logique purement clientéliste.
Comble du cynisme, Laurent Saint-Cyr aurait déjà engagé une firme de lobbying international pour fragiliser le CPT et tenter d’en prendre seul le contrôle, ouvrant ainsi la voie à une mainmise totale des secteurs mafieux sur les institutions publiques.
En aucun cas, l’avenir de la transition ne doit être laissé entre les mains de Laurent Saint-Cyr. Si l’on veut éviter le naufrage total, le CPT doit faire preuve de courage et de patriotisme en prenant dès maintenant la décision de le remplacer — avant qu’il ne soit trop tard.