Le Programme National de Cantines Scolaires (PNCS) est au cœur d’un scandale financier d’ampleur nationale. Alors que plus de 2,4 milliards de dollars avaient été alloués pour l’exercice fiscal 2024-2025, aucun repas n’a été effectivement servi aux écoliers. Cette situation, révélée lors d’une réunion du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) la semaine dernière, a suscité une vague d’indignation, notamment après la publication d’une note de dénonciation du Réseau des Haïtiens Unis Contre la Corruption (RHUCC).

Au cours de cette réunion, le directeur général du PNCS, Kévenot Dorvil, a été interpellé sur la gestion de ces fonds colossaux. Mis en difficulté, il a déclaré que 85 % du budget avait été absorbé par des frais administratifs, une justification qui a surpris le président du CPT, Laurent Saint-Cyr, et le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé. Selon des informations concordantes, Dorvil pourrait être démis de ses fonctions dans les jours à venir.
Le RHUCC, dans sa note en date du 16 septembre, dénonce avec force « la dilapidation de plus de 2 milliards de gourdes, fonds publics qui devaient servir à nourrir les enfants vulnérables ». Le réseau s’interroge sur ce que vont manger les enfants après une telle gestion désastreuse et catastrophique, rappelant que ces milliards engloutis auraient dû garantir un repas chaud quotidien à des milliers d’élèves.
Derrière cette gestion opaque, plusieurs voix accusent Fritz Alphonse Jean et Smith Joseph – considéré comme le bras économique de l’ancien gouverneur de la BRH – d’avoir placé leurs proches dans des postes stratégiques au sein de l’administration. Ces pratiques auraient permis le détournement de fonds destinés aux cantines scolaires, enrichissant un petit cercle d’initiés tandis que la population haïtienne s’enfonce dans la misère et fait face à l’insécurité imposée par les gangs de la coalition criminelle Viv Ansanm.

Dans sa note, le RHUCC appelle le CPT et son coordonnateur à faire preuve de courage et de clairvoyance face à cette situation alarmante. L’organisation estime qu’Haïti ne peut plus tolérer une telle gabegie financière qui compromet l’apprentissage, la santé et l’avenir des enfants. « L’impunité qui ronge le PNCS doit cesser immédiatement si l’on veut restaurer la confiance et garantir un avenir digne à la jeunesse haïtienne », avertit le réseau, qui appelle les parents, associations locales et forces vives de la nation à se mobiliser.
Le scandale du PNCS vient ainsi raviver le débat sur la corruption systémique qui gangrène l’État haïtien et sur l’urgence de mesures fermes pour mettre fin à ces détournements massifs de fonds publics.